Les Niassenes de Kaolack

On ne peut parler de la branche Niassène de la Tijaniyya sans s’arrêter sur la biographie d’El Hadji Abdoulaye Niass. Ce grand nom de la Tijâniyya est né dans le village de Bély (Djoloff) en 1845. Les historiens s’accordent à soutenir que son père fut tué lors d’une « guerre sainte » dans le Saloum[1] en compagnie de Maba Diakhou Bâ.

Après sa formation religieuse classique reçue auprès de son père, il séjournera dans plusieurs autres écoles du pays, dans le Saloum et les régions environnantes.

Cheikh Abdoulaye Niass se distingue par ses innombrables visites dans les pays arabes et les grandes capitales religieuses. Malgré les conditions politiques difficiles au Sénégal tout au long du XIX ème siècle et au début du XX ème, il a eu l’opportunité de visiter Fès et d’effectuer le pèlerinage à la Mecque en 1890. Durant ce voyage aux lieux saints de l’islam, il s’arrêtera en Egypte pour recueillir des ijâzât pour certaines disciplines religieuses. Il est, souvent, présenté comme l’un des cheikhs sénégalais qui ont le plus de maîtrise de la langue arabe au regard de ses multiples contacts avec le Maghreb mais aussi le Machrek. El Hadj Abdoulaye Niass est affilié à la Tijâniyya par la silsila omarienne avec le Cheikh Muhammad Ibrâhîm Diallo comme intermédiaire. Il reçut, comme ses prédécesseurs, plusieurs ijâzât des muqaddams de Fès, lors de sa visite au Maroc.

Après son pèlerinage à la Mecque, il s’installera à Taïba Niassène[2]dans le Saloum[3] où il construira une grande mosquée[4]. En voulant prêcher et enseigner l’islam dans cette région du Saloum, il se heurta à l’Administration coloniale française qui surveillera, de près, ses activités et ses déplacements. Devant cet acharnement, il s’exila par deux fois en Gambie[5] voisine. Cet exil était aussi la marque de son refus d’envoyer ses enfants à l’« école française » et du service militaire obligatoire. Après un retour à Taïba Niassène qui ne durera que deux courtes années, il s’exilera de nouveau en Gambie pour les mêmes raisons en 1900. Le Cheikh s’installe définitivement à Kaolack en 1911 où il construit une Zâwiya et dispense son enseignement à ses fidèles jusqu’à sa mort en 1922, la même année que Cheikh El Hadj Malick Sy de Tivaouane.